Situé à 1283 m d’altitude, en plein cœur du Pays basque, le col d’Organbidexka est un observatoire de migration universellement connu des ornithologues. Ni trop haut ni trop bas, il est admirablement situé sur un couloir de passage d’oiseaux migrateurs.
Au début des années 80 il a été le théâtre d’épiques combat entre chasseurs et écolos. On ne compte pas les multiples incidents ayant à l’époque défrayé la chronique. Les « verts » sont finalement sortis vainqueurs de cette guerre sans merci.
La migration est un phénomène connu de tous les temps
Chaque automne, de nombreux oiseaux quittent les zone tempérées pour aller passer l’hiver sous des cieux plus cléments. Beaucoup passent sur les Pyrénées et principalement au-dessus du Pays Basque, pour éviter la mer et ses manques d’ascendances thermiques les obligeant à battre des ailes, donc à se fatiguer.
Plus à l’Est, les Pyrénées prennent de la hauteur et peuvent devenir un obstacle en cas de mauvaise météo.
Les oiseaux le savent mais ils ne sont pas les seuls
À l’automne crêtes et cols sont loués aux amateurs de tir au vol. Les palombes sont attendues par une véritable ligne Maginot. Leur arrivée est généralement annoncée par le claquement sec de coups de feu entendus dans le lointain. Au poste de chasse, les culasses se referment avec un bruit métallique. Les conversations se taisent, les regards scrutent l’horizon. Les palombes sont là, toutes proches. On peut entendre leurs battements d’ailes. Subitement un feu nourri se déclenche. Des explosions de joie fusent des postes. Parfois c’est la déception. C’est fini. Elles sont passées. Vient le temps commentaires.
L’activité cynégétique est une affaire rentable
Les emplacements de chasse à la palombe sont loués aux enchères descendantes. Le système est plus pervers que les enchères classiques. Le prix descend jusqu’à ce que le premier qui fasse une offre emporte le marché. C’est à cette occasion qu’en 1979, un groupe d’écolos s’est offert « Organbidexka » au prix fort évitant ainsi qu’il ne soit repris par ses locataires habituels.
Coup de théâtre, stupéfaction et colère, aucun mot n’est assez fort pour exprimer surprise qui à vitrifié les chasseurs droits dans leurs rangers.
Pour 3 ans, le col a changé de teinte et est passé du vert kaki au vert écolo
La joie des uns suscite la colère des autres. Les jumelles succèdent aux fusils.
Chasseurs et écolos sont entrés en guerre à coup de noms d’oiseaux et de coups tout court.
Aujourd’hui dans un climat pacifié un programme scientifique d’étude des migrations a été mis en place sur « orgambi » et les cols voisins de Lindux, et Lizarrieta.
La présence des ornithos sur Orgambi n’est plus remise en cause. Chaque année plus de deux cent cinquante espèces migratrices sont comptabilisées parmi lesquelles des Milans, des Bondrées, des Busards des Faucons, des Circaètes, des Balbuzards, des Cigognes, etc.
Par Gérard Caubet