Par Gérard Caubet
Le sentier cathare, ou l’histoire en marchant.
Entre croisades et inquisition, il est difficile de retrouver ses petits dans la chronologie des évènements. Le catharisme est né dans l’Aude au milieu du XII° siècle. Pas moins de deux cents ans seront nécessaires au pouvoir royal et à l’église pour en venir à bout.
L’histoire cathare est muette car ils n’ont pas laissé d’héritage visible et palpable. Il faut savoir lire leur présence dans le paysage. La présence d’un accompagnateur pétri de catharisme est un plus qu’offre La Balaguère.
Période émergente du catharisme
Dans le Languedoc du XII° siècle, le catharisme va émerger à la faveur d’un contexte favorable.
La France est partagée en deux. Au nord, le pays d’Oil féodal, au sud l’Occitanie où règne la culture des troubadours et de l’amour courtois. Le roi de France, en mal de conquête, lorgne vers cette dernière.
L’acte fondateur du catharisme a lieu en 1167 à Saint Félix du Lauraguais, entre Toulouse et Castelnaudary.
Dans cette modeste commune, aujourd’hui plongée dans l’anonymat, va se tenir un synode extraordinaire. Cette doctrine originaire de Bulgarie aurait servi de ferment au catharisme en réaction aux excès du catholicisme. Selon une croyance de l’époque, ils seraient les seuls à détenir les Saints sacrements du Christ. Le pope Nicétas évêque des bogomiles vient « consoler » lui-même par imposition des mains les premiers parfaits cathares.
Les croisades des Albigeois en 1208 et 1229
Elles sont au nombre de deux. La papauté en la personne d’Innocent III et le roi de France Philippe Auguste sont inquiets du développement exponentiel en Occitanie de cette nouvelle foi.
Le 15 janvier 1208 Pierre de Casteneau, légat du pape est trucidé par un écuyer de Raymond VI comte de Toulouse. Cet événement somme toute banale pour l’époque, servira de mobile pour déclencher une vaste opération de répression guerrière travestie en croisade.
La première débute en 1209. Elle est conduite par le tristement célèbre Simon de Monfort dont la cruauté n’avait d’égal que le génie militaire. Après avoir gagné la bataille de Muret le 12 septembre 1213 et occis Pierre II Roi d’Aragon, Simon de Monfort meurt devant Toulouse le 25 juin 1218.
La seconde croisade dite royale est déclenchée en 1226. Elle est conduite par Louis VIII père du futur Saint Louis. Elle met une fin provisoire au catharisme. Raymond 7 conte de Toulouse est excommunié et flagellé publiquement.
Période de l’inquisition
Les croisades victorieuses ne mettent pour autant fin au catharisme.
Les églises cathares entrent dans la clandestinité.
Pour éradiquer le catharisme des esprits, l’église possède une arme redoutable : l’inquisition.
En 1242, le massacre des inquisiteurs à Avignonet, prés de Castelnaudary sera le déclencheur d’une vaste entreprise de « nettoyage ethnique » dirait-on aujourd’hui.
Le zèle des inquisiteurs est sans limites. Certains iront jusqu’à déterrer des cadavres d’hérétiques pour les faire brûler.
Ils ont aussi l’allumette facile. De nombreux bûchers éclairent le ciel du Languedoc.
L’histoire ne semble avoir retenu que celui de Montségur en 1244.
Le traité de Corbeil est signé en 1258 entre les royaumes d’Aragon et de France. La frontière s’établit au niveau de la ligne des châteaux que longe aujourd’hui le sentier cathare.
Malgré le traité de Corbeil le catharisme subsiste dans les esprits. L’inquisition bat son plein
Beaucoup fuient vers la Lombardie et l’Espagne.
En 1321, soit 77 ans après Montségur, Belibaste, dernier parfait en titre est brûlé vif à Villerouge. Personne désormais ne peut plus délivrer le consolamentum.
Quelques irréductibles subsistent malgré tout. Ils sont impitoyablement traqués. Jacques Fournier, évêque de Pamiers en Ariège, futur Benoît XII excelle dans cette tâche. On lui attribue l’emmurement en 1328 de 510 cathares dans la grotte de Lombrives.
La redécouverte des cathares
Elle se fera au 19° siècle, après plusieurs siècles d’oubli, grâce aux travaux de Napoléon Peyrat, ariégeois, pasteur de l’église réformé et auteur d’une copieuse histoire du catharisme.