De la formation des Pyrénées
Entre légende et science, le cœur balance.
L’origine du nom Pyrénées est assez floue
De nombreuses explications sont avancées, parmi lesquelles, le terme Pyrenaia employé par l’écrivain Plutarque une centaine d’années avant J.C. Les Romains parleront de Pyrenaeus. L’historien Diodore de Sicile, postérieur à Plutarque, voudrait que le nom Pyr (feu en ancien grec) soit l’origine à cause d’un incendie énorme causé par les bergers.
La mythologie grecque fournit une légende ayant pour héroïne Pyrène, morte d’amour pour Héraclès. Les Pyrénées seraient son tombeau.
Au moyen âge, on considère que la terre est plus légère que les océans et que les montagnes sont le résultat de leur échauffement par le soleil. La présence de fossiles marins en altitude est une preuve du déluge.
Il faut attendre une époque relativement récente pour obtenir des explications scientifiques à la formation des montagnes. Elles seraient le résultat de collisions entre plaques continentales en dérive à la surface de la terre.
Dans la mythologie grecque
Dans le panthéon des dieux grecs, tout le monde couche avec tout le monde et s’entretue gaiement pour un oui et pour un non.
Zeus, dieu polygame, tombe amoureux d’Alcmène, simple mortelle épouse d’Amphitryon.
Il la séduit par la ruse en se faisant passer pour le mari parti à la guerre. Hélios, dieu du soleil, complice, ne se lève pas pendant trois jours pour faire durer cette nuit d’amour.
Héraclès naît de cette union.
Héra, sœur de Zeus, de surcroît épouse légitime, est rendue furieuse par cette nouvelle incartade de son divin mari. Elle frappe Héraclès de folie qui, sous le coup de cette malédiction divine, tue ses fils. Pour se racheter, il doit effectuer les fameux 12 travaux dont, en principe, il devait ne pas revenir vivant.
La création des Pyrénées se situe au moment où Héraclès vient de terminer son 10° travail.
Il consistait à ramener le troupeau de Géryon réputé l’homme le plus fort du monde.
Ce monstre à 3 têtes, 6 bras et 3 corps unis par la taille, vivait sur l’Île d’Erythie située quelque part au-delà du détroit de Gibraltar.
Après avoir tué le berger Euytyon et Orthos, le féroce chien à 2 têtes, il abattit froidement Géryon et lui vola les bœufs.
Mais comment les ramener ? À pied ,bien sûr. Ce long retour par l’Espagne et la Gaule est émaillé de nombreuses péripéties dont chacune est l’occasion de créer de nombreux mythes locaux. C’est le cas des Pyrénées.
Sur le trajet, Héraclès fait étape au royaume de Bekrydes où vit le roi Bébryx.
Celui çi a une fille d’une grande beauté. Elle se prénomme Pyrène.
Comme les autres, elle tombe amoureuse de la beauté virile du vaillant guerrier vêtu de la peau du lion de Némée et armé de sa célèbre massue.
Plaquée et enceinte des œuvres d’Héraclès, elle s’enfuit dans la forêt pour échapper au courroux paternel. Elle est tuée par les ours et les loups.
Héraclès fou de douleur et de remords lui élève un tombeau
« Afin que ton nom, ma chère Pyrène, soit conservé à jamais par les hommes qui peupleront cette terre, ces montagnes dans lesquelles tu dors pour l’éternité, s’appelleront dorénavant : Les Pyrénées. »
Puis il repart vers de nouvelles aventures émaillées de tentations auxquelles il ne saura résister.
La mythologie explique par l’intervention divine la création du monde
Elle n’est pas la seule. Plus prés de nous, les textes bibliques offrent aussi une version dans laquelle il aurait été créé en 6 jours. Le déluge expliquerait la présence de fossiles à de hautes altitudes. Au 19° siècle, la géologie science naissante peinera à bousculer le dogme. Elle avance plusieurs hypothèses parmi lesquelles un fonctionnement sur des milliards d’années de l’horloge des temps géologiques et la présence d’anciennes mers en lieu et place des montagnes.
Une des réponses couramment admise aujourd’hui, viendra en 1912 du météorologiste Allemand Alfred Wegener.
Remarquant que la côte est de l’Amérique du Sud semble s’emboîter parfaitement dans la côte ouest de l’Afrique, il en déduira sa fameuse théorie sur la dérive des continents.
Selon lui n’existait à l’origine qu’un seul continent : la Pangée. Au cours des temps, il se fracture pour donner naissance aux continents actuels. Tels des radeaux, ils se déplacent sous l’effet de mouvements de convection situés sous la croûte terrestre. La tectonique des plaques sera définitivement admise dans les années 1960. Son inventeur aura entre temps disparu au cours d’une mission d’exploration au Groenland.
La tectonique des plaques offre son explication sur la formation des Pyrénées
Au cours des temps géologiques, les plaques Ibérique et Européenne se sont successivement éloignées et rapprochées provoquant la création de mers ou de bourrelets montagneux à l’emplacement actuel des Pyrénées.
Début tertiaire, l’Ibérie converge vers l’Aquitaine et par effet de serrage, les Pyrénées s’élèvent à une altitude élevée. L’entendement ordinaire peine à imaginer la puissance avec laquelle ces phénomènes ont pu se réaliser. Les couches de sédiments se plissent et se déforment sous l’effet de cette formidable poussée. Une intense érosion se met aussitôt en marche. D’énormes quantités de gravats sont transportées de part et d’autre. La configuration actuelle des Pyrénées prend forme.
À l’ère quaternaire, le travail des glaciers viendra parachever l’ouvrage
Ils creusent des vallées en auge, poussent devant eux les moraines, créent des verrous derrière lesquels viendront se nicher les lacs de montagne qui font aujourd’hui notre bonheur.
À ce jour, notre plancher des vaches est toujours imperceptiblement en mouvement.
Certains scientifiques s’accordent à dire qu’une ère nouvelle géologique vient d’inscrire son nom dans l’histoire de la terre.
L’anthropocène succède à l’holocène. Son point de départ est précisément fixé à 1784, date de l’invention de la machine à vapeur.
L’étymologie « anthropos » (être humain) identifie clairement l’action de l’espèce humaine comme véritable force géophysique agissant sur la planète.
Par Gérard Caubet